Mon avis sur le premier roman de Sophie Demange Les Bouchères

Les bouchères de Sophie Demange : un premier roman engagé

Dans ce premier roman, Sophie Demange nous plonge dans un roman noir avec profondeur et précision. Un récit qui raconte avec audace et sensibilité des violences physiques ou psychologiques. À travers un trio de jeunes femmes travaillant dans une boucherie, l’autrice nous livre une réflexion sur la domination masculine et la rébellion féminine. Ce récit se révèle être une agréable lecture, qui réussit le pari difficile de traiter un sujet grave avec une plume à la fois accessible et percutante. Découvrez mon avis sur le roman qui, je trouve, ne laisse pas indifférent.

Les bouchères de Sophie Demange, livre féministe sur les violences faites aux femmes

Les bouchères

Autrice : Sophie Demange
Editeur : Editions L’iconoclaste
Nombre de pages : 300 pages
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Résumé du livre : Nous suivons trois femmes qui tiennent un commerce local : une boucherie. Cependant, celle-ci dénote avec sa devanture rose située dans un quartier de la ville de Rouen. Elles travaillent avec une présence remarquable, alliant féminité assumée et force physique impressionnante. Mais derrière cette façade colorée et ces éclats de rire qui résonnent dans la boutique se cache un secret bien sombre. L’intrigue prend un tournant inquiétant lorsque des notables du quartier disparaissent mystérieusement. Les bouchères deviennent la cible des ragots.


C’était une soirée de début d’été. L’heure où les clients rentrent chez eux préparer la côte de bœuf ou faire griller les brochettes et les saucisses au barbecue.

Incipit du livre Les Bouchères de Sophie Demange

Résumé de ma critique

Pour celles et ceux qui n’auraient pas le temps de tout lire

📖 Histoire

– Un roman noir à l’humour décalé, féministe et puissant.
– Au cœur d’une boucherie, considéré comme un métier d’hommes, 3 femmes imposent leur place.
– Le métier de bouchère est magnifiquement orchestré, entre art et vengeance.

👥 Personnages

– 3 protagonistes principales : Anne, Stacey et Michèle.
– Des personnages qui semblent parfois un peu stéréotypés, mais sans gâcher la lecture.
– Nour, un journaliste, pour lequel on s’attache, et qui cherche à savoir ce qui se passe alors que des hommes disparaissent.

👀 Thématiques

– Ce premier roman aborde les violences faites aux femmes. L’autrice explore les stratégies pour se protéger ou pour se venger.
– Le sexisme et les discriminations ordinaires au sein du couple ou au travail.
– L’amitié et la sororité à toutes épreuves.

💖 Un premier roman jubilatoire et engagé, qu’il faut découvrir sans tarder !

Une plume aussi tranchante que des couteaux de cuisine

Sophie Demange pose le décors avec précision : une boucherie au cœur d’un quartier bourgeois de Rouen. Tandis que ce lieu de travail est traditionnellement masculin, il est ici investi par trois femmes, féminines mais puissantes. On se laisse alors guider à travers les ruelles, découvrant ses habitants et cette boutique si particulière. On rêverait presque de faire un aller-retour dans la capitale normande pour la visiter et découvrir l’ambiance du quartier.

Sous la plume de l’autrice se cache un humour noir et un ton décalé. Les bouchères sont des artistes, elles découpent des morceaux de viande et se livrent à l’art de l’aiguisage des couteaux. Ce récit est rempli de contrastes entres ces femmes et les scènes de découpe sanglantes. De plus, j’ai trouvé particulièrement intéressante la place de la boucherie, présentée comme un art, et considérée comme un métier d’hommes

Le combat de femmes liées par la sororité

Au cœur de ce roman se trouve une histoire d’amitié entre trois personnages forts : Anne, Stacey et Michèle. Chacune possède une personnalité bien distincte, avec ses contradictions et ses particularités. Cependant, elles sont toutes liées par leur travail à la boucherie. Mais également, par une sororité qui se construit progressivement au fil des pages. J’ai pris plaisir à découvrir les liens qui se tissent et leurs secrets qui s’échappent.

J’ai apprécié la construction de ces protagonistes. De plus, l’autrice dévoile leurs passés troublants et toxiques tout en mettant en lumière leur force de caractère. Chacune à leur façon, elles parviennent à se reconstruire et à faire face à leurs démons. Anne, qui est née dans le cochon, reprend la boucherie familiale avec beaucoup de détermination. Stacey se caractérise par son franc-parler libérateur. Michèle, quant à elle, c’est son indépendance et malgré tout sa douceur teintée de résilience. Elles incarnent différentes facettes de la résistance féminine face aux violences faites aux femmes.

Autour d’elles gravitent d’autres personnages, alliés ou ennemis, qui viennent enrichir la trame narrative. Si certains peuvent parfois sembler stéréotypés, cela ne nuit pas à la qualité globale du récit. Au contraire, ces figures secondaires permettent de mettre en relief la complexité des trois protagonistes. Petite pensée pour Nour, le journaliste qui fait avancer l’enquête de la police et que j’ai aimé découvrir au fil des pages.

Les justicières face à la domination et à la violence patriarcale

L’autrice aborde de nombreuses thématiques intrinsèquement liées au patriarcat. Premièrement, sans surprise, mais avec une pertinence remarquable, Sophie Demange aborde les violences faites aux femmes. Elle ne se contente pas seulement de dénoncer ces violences qui touchent toutes les femmes, de tous âges et de tous milieux. Ce qui rend son approche particulièrement intéressante, c’est qu’elle explore les stratégies que les femmes peuvent mettre en place pour se protéger, et parfois même se venger. L’autrice utilise la boucherie avec brio comme pour illustrer la manière dont les femmes reprennent le contrôle de leur vie. Elles s’approprient des espaces qui leur étaient jusqu’alors hostiles.

Le roman ne se limite pas à cette thématique centrale, aussi importante soit-elle. Il traite également du sexisme ordinaire et des relations de domination qui peuvent s’installer insidieusement. Par ailleurs, les sujets sur la discrimination au sein des couples et dans le monde du travail sont également présents. De plus, les questions de racisme et d’identité sont abordées avec finesse, s’intégrant naturellement à la narration sans alourdir le propos. Ainsi, l’autrice explore plus largement les différentes dynamiques relationnelles qui se jouent dans notre société.

Ces sujets difficiles sont traités avec justesse, sans pathos excessif ni simplification abusive. Sophie Demange parvient à maintenir un équilibre délicat entre la dénonciation nécessaire et une forme de légèreté. Cela rend la lecture non seulement supportable mais véritablement divertissante.


Les Bouchères de Sophie Demange s’impose comme un premier roman engagé qui allie avec brio la qualité littéraire et l’engagement féministe. À travers cette histoire, l’autrice nous livre un message puissant sur la force de la sororité entre victimes de violences. Ce texte démontre le talent d’une écrivaine qui a su trouver sa voix pour aborder des sujets difficiles avec précision et sensibilité. Cette lecture m’a fait décrocher des sourires, malgré un sujet lourd, et un réel bonheur communicatif qu’inspire la solidarité des protagonistes. C’est un roman féministe aussi puissant avec une écriture jubilatoire, qu’il faut découvrir sans hésiter. De plus, le livre audio est un aussi un vrai régal.

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